Discours mr sarkozy, 11 novembre 2009, berlin
Madame la Chancelière d'Allemagne,
votre présence parmi nous en ce jour du 11-Novembre est un geste exceptionnel d'amitié dont chaque Français mesure la portée. Il y a quelques instants, nous avons ranimé ensemble la flamme qui brûle sur le tombeau du soldat inconnu prolongeant le geste du chancelier Kohl et du président Mitterrand à Douaumont il y a vingt-cinq ans.
Il n'y a plus en France aucun survivant des combattants de la Grande Guerre. Le dernier est mort l'année dernière. Il était né dans le nord de l'Italie. A 10 ans, il s'était fabriqué lui-même une paire de chaussures pour partir en France, à pied. Quand la guerre avait éclaté, il avait 16 ans. Il s'était engagé en trichant sur son âge. "J'étais italien, dira-t-il plus tard, mais je voulais défendre la France qui m'avait accueilli. C'était ma manière de dire merci."
Son nom restera parce qu'il fut le dernier. Mais il était un parmi des millions, connus ou inconnus, qui pendant quatre ans se sont battus dans la boue infecte des tranchées, accablés de fatigue, la peur au ventre, tuant pour ne pas être tués.
Au milieu d'une folie meurtrière dont aucun n'était responsable mais qui les entraînait tous, il y eut des coeurs purs, des gestes admirables, des actes de bravoure. Ils étaient des millions d'hommes ordinaires qui se sont comportés en héros. Ils ont tenu au milieu des pires épreuves. La discipline et l'instinct de survie n'expliquent pas tout. La plupart d'entre eux avaient, chevillé au corps, l'amour de leur pays. La France ne peut pas oublier ceux qui lui ont fait le sacrifice de leur vie. Et pas simplement ceux qui sont morts au combat et dont les noms sont gravés sur le monument aux morts du plus humble de nos villages, mais aussi tous les autres, tous ceux qui sont revenus portant dans leur corps et dans leur âme la trace ineffaçable de douleurs indicibles : je pense à la foule innombrable des mutilés, des