Mes chers compatriotes, mes amis, mes frères. Aujourd'hui nous sommes tous réunis ici dans cette Chambre des Pairs pour débattre, converser, voter... Mais avant cela si vous le permettez, j'aimerai profiter de votre présence ainsi que de votre écoute pour faire passer un message. On ne peut pas le nier, le monde s'enrichit avec le temps, c'est un fait. L'homme est maintenant à même de s'enrichir, puis de profiter de ses richesses, dans un agréable et luxueux confort. On ne peut le nier, la qualité, le niveau de vie des fortunés augmente et s'améliore. C'est ce qu'on appelle le progrès. Je ne suis pas contre le progrès, au contraire, le progrès c'est une promesse vers un avenir meilleur. Cependant, on ne peut pas le nier non plus, on ne doit pas le nier, des français vivent, parfois survivent dans la misère la plus totale, avec au ventre la faim mais aussi la peur d'un avenir incertain. Avec à l'esprit la crainte, le souci, l'inquiétude quant à cet avenir incertain. Comment nourrir et loger une famille, ou même sa propre personne, sans le moindre sou ? Comment habiller et permettre une éducation à ses enfants lorsqu'on est nécessiteux ? En bref: comment vivre décemment et correctement dans la misère ? Je vous le demande et très honnêtement je ne crois pas que « vie décente et correcte » se conjugue avec « misère et pauvreté ». Mais hélas c'est aussi un fait, un bien triste fait, trop de gens, beaucoup trop de gens vivent dans cette misère et dans ces inquiétudes, au quotidien. Et cela depuis trop longtemps, beaucoup trop longtemps. C'était vrai il y a cinquante ans, c'était tout aussi vrai il y a de cela une heure tout juste, alors que je croisais dans la rue un homme chétif et misérable, arrêté pour le chef d'accusation suivant : la faim. Cette faim l'avait conduit au crime, cette faim en a conduit d'autres et en conduira encore beaucoup d'autres si nous ne faisons rien. Car oui, si comme je vous l'ai dit, cela était vrai il y a de cela cinquante ans, sachez que