Discours
«Je dois peut-être au public de l'Inde et au public de l'Angleterre que ce procès a principalement pour but d'amadouer, de leur faire connaître pourquoi, de loyaliste et de coopérateur fervent, je suis devenu désaffectionné et non-coopérateur intransigeant. Je devrais dire également à la Cour pourquoi je me reconnais coupable d'avoir encouragé la désaffection envers un Gouvernement établi en Inde par la loi.
Mon activité publique commença en 1893 en Afrique du Sud, à un moment critique. Les premiers rapports que j'eus avec les autorités britanniques de ce pays ne furent point agréables. Je découvris que je n'avais comme homme et comme Indien aucun droit; ou plus exactement je découvris que je n'avais aucun droit, parce que j'étais Indien.
Cela ne me dérouta point. Je me dis que cette façon de traiter les Indiens était une excroissance d'un système de gouvernement bon en soi. Je lui donnai donc ma coopération loyale et volontaire, le critiquant sans me gêner lorsque je considérais qu'il se trompait, mais sans jamais souhaiter sa destruction.
Aussi, lorsqu'en 1899 l'existence de l'Empire fut menacée par la guerre des Boers, je lui offris mes services, je formai un corps de brancardiers volontaires et pris part à divers engagements qui eurent lieu pour sauver Ladysmith (2). En 1906, à l'époque de la révolte des Zoulous, je formai un corps d'infirmiers et servis jusqu'à la fin de la révolte. Je reçus chaque fois la croix et fus cité à l'ordre du jour. Pour mes services en Afrique du Sud, Lord Hardinge (3) me remit la médaille d'or Kaiser-i-Hind*. Lorsqu'en 1914 la guerre éclata entre l'Angleterre et l'Allemagne, je formai un corps d'ambulanciers volontaires composé des Indiens qui se trouvaient à Londres, étudiants pour la plupart. Son utilité fut reconnue par les autorités.
Enfin, lorsqu'en 1918 à la Conférence de la guerre qui eut lieu à Delhi, Lord Chelmsford (4) fit un pressant appel pour l'enrôlement de