Disproportion de l'homme - pascal
· Dans les Pensées, œuvre posthume publiée en 1670, Pascal réunit les notes qu’il destinait à l’élaboration d’une apologie (= justification, défense d’une chose, d’une institution d’une personne) de la religion chrétienne. Exercé en tant que scientifique au maniement de la logique, Pascal a pris conscience lors de sa période mondaine (1651-1654) de l’intérêt de la rhétorique, pour persuader un interlocuteur libertin qu’il voudrait tourner vers Dieu. L’évocation des deux infinis est une illustration célèbre de cette alliance de la rigueur logique et du recours aux procédés de style. C’est pourquoi après avoir mis en évidence le schéma argumentatif du passage, nous étudierons l’utilisation que fait Pascal de la rhétorique pour emporter l’adhésion du lecteur.
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Lecture
· 72/ 199. « Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit, et qu'I s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que ces astres, qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s'arrête là, que l'Imagination passe outre, elle se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir. Tout le monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle Idée n'en approche, nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses. C'est une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Enfin c'est le plus grand caractère sensible de la toute puissance de Dieu que notre imagination se perde dans cette pensée. Que l'homme, revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est,