Dissert Inspi poetique
1. Une influence secrète
1.1. la voix de dieu ou de la nature
Pour Platon « ce n’est pas grâce à un art que les poètes proférant leurs poèmes, mais grâce à une puissance divine ». L’inspiration, dans cette conception est un don des dieux, et le poète un instrument entre les mains de ces mêmes dieux. Ronsard dans Hymne de l’automne est fidèle à la théorie platonicienne qu’il illustre en vers « Le jour que je fus né, le Démon qui préside Aux muses me servit en ce monde de guide […] me donna pour partage une fureur d’esprit, Et l’art de bien couché ma verve par écrit. »
Toute cette représentation s’inscrit dans le contexte mythique des muses, filles de Mémoires et de Zeus qui président à la création , et dont les voix se confondent avec celle du poète. Ronsard reprend aussi implicitement la doctrine des quatre fureurs, la fureur divine est l’affection par laquelle dieu enlève l’âme à sa condition déchue pour l élever progressivement jusqu’à lui. On parle alors d’enthousiasme, ce qui signifie étymologiquement être habité par les dieux.
Boileau dans L’Art poétique s’appuie donc sur l’autorité non critiquable des Anciens, d’ailleurs à travers le réseau sémantique de son traité il s’inscrit en droite ligne de l’antiquité (parnasse, Poe bus, Pégase).
Le poète dit recevoir et transmettre une voix qui vient d’ailleurs. Certains comme Pindare, Hugo ou Claudel se conçoivent comme « vates », un porte voix inspiré d’Apollon (Poebus). Le poète recueille, traduit, transmet. « Tout vit, tout est plein d’âmes. Tout parle. Tout dit dans l’univers quelque chose à quelqu’un. » Hugo, Les contemplations, « la bouche d’ombre »
Le poème liminaire des Contemplations est une description allégorique, qui présente le poète dans sa fonction essentielle comme le conçoit le romantisme : écouter les voix et « être un élu du mystère ». L’univers est habité par un souffle que le poète peut saisir et