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Le mot français absurde vient du latin absurdum qui signifie dissonant. Désirer l’impossible a en effet une dimension dissonante au sens où le désir ne colle plus à la réalité. Dans L’Anti-Œdipe, Gilles Deleuze montre que le désir a souvent été analysé de deux manières différentes dans l’histoire de la philosophie. Selon Platon ou Hegel, le désir est analysé comme un manque, c’est-à-dire comme le manque de l’objet réel, ce qui engendre un fantasme de l’objet. Alors que selon Spinoza ou Nietzsche, le désir est compris comme production, ce qui engendre l’objet réel. Dans un cas, le désir reste confiné au monde de l’imaginaire, dans l’autre, il s’ouvre au monde de la création.
B. Le désir de production est désir du possible
Ce désir comme production, nous l’avons dit, est à l’origine une réflexion que l’on trouve dans L’Ethique de Spinoza. Spinoza appelle conatus (du latin conari qui signifie entreprendre et qui donne conatus qui signifie l’effort) cet effort par lequel « chaque chose, pour autant qu’il est en elle, s’efforce de persévérer dans son être » (III, prop. VI). Cet effort peut-être sensible ou intelligible : intelligible, il s’agit de la volonté, sensible, il s’agit de l’appétit. Dès que l’appétit est conscient de lui-même, on a ce qu’on appelle le désir. Or selon Spinoza, ce conatus caractérise l’essence de l’homme.
C. Le désir d’impossible comme stratégie rhétorique
Ce désir du possible lorsqu’il est passé au crible de la raison, Nietzsche l’appelle la volonté de puissance. La volonté de puissance est une force conquérante et dominatrice, qui sous sa forme la plus haute, consiste à créer et à donner forme à un monde. Par conséquent, pour cette volonté, le possible doit donner lieu à une exploration : tout monde est également ce monde voulu par un sujet et auquel sa volonté de puissance s’affronte, traversée par une force de création destructrice. Le désir d’impossible n’est donc