Emile Zola, le poète de la vie, l'instigateur du naturalisme et l'un de ses porte-paroles, signe ce roman par son génie de l'observation. "Pour une nuit d'amour" n'est pas répertorié dans la série des Rougon-Macquart qui relatent les conséquences de la société et le poids de l'hérédité sur l'être humain. Cet auteur décrit la société du Second Empire avec l'oeil d'un scientifique disséquant un animal. Son phrasé est poétique et réaliste. Aucun détail n'échappe à ses observations. "Pour une nuit d'amour" relate la vie de Julien, un personnage insignifiant comme on en croise parfois et que l'on ne regarde pas. Il mène une vie lisse, fade avec les règles qu'il s'est imposées. Il travaille sans relâche, se repose dans sa chambre louée, n'a pas d'ami, d'amante. Il mène une vie de moine retiré de ce monde. Sa seule distraction est de jouer de la musique, sans incommoder ses voisins qui sont aussi silencieux que lui. Cette atmosphère tranquille va être bouleversée par le retour de Thérèse Marsanne vivant dans l'hôtel donnant sur la fenêtre de Julien. Ces apparitions fortuites au chambranle de sa fenêtre vont perturber ce jeune bourru. Il n'osera plus jouer de la flûte de peur de gêner cette bourgeoise divinement belle. Dans un effort surhumain, prenant son courage à deux mains, il souffle de nouveau dans son instrument et se prend à rêver que son icône l'aime. Il ne respire que pour la contempler, observer sa chambre en son absence. Il béatifie cette jeune noble sans la connaître. Il ose, un soir, lui lancer des baisers d'une fenêtre à l'autre. Thérèse claque ses persiennes, elle préfère se jeter dans les bras de Colombel, son frère de lait pour le tyranniser. Thérèse et Colombel ont des rapports de force violents, chacun cherchant à dominer l'autre dans une dernière étreinte. Toute la maisonnée ignore l'existence de cette liaison. Un soir où la domination devient suprême, Thérèse tue accidentellement son amant. Elle exprime une jouissance incommensurable. Le