Dissertation de philosophie : « conflit et passions »
A l’origine de toute société politique, il y a le conflit. Mais qu’y a-t-il à l’origine du conflit ? Qu’est-ce qui pousse les hommes à se déchirer dans des conflits intérieurs, interpersonnels, dans des conflits sociaux ou internationaux ? Est-ce l’alliance raisonnable de la conscience et de la volonté qui amène les individus à formuler des revendications politiques et à s’engager contre des situations d’insécurité, d’injustice ou d’oppression ? Ou bien est-ce le foisonnement des passions humaines : la peur, l’envie, la colère, la haine, l’ambition de domination ? Les conflits naissent-ils et vivent-ils dans le cœur des hommes ou bien dans leur tête ? Et finalement, les passions humaines ne sont-elles pas des déterminants des conflits tout aussi certains que les rationalités individuelles et collectives ? Etymologiquement, si la participation à un conflit semble relever d’une action délibérée (confligere : « lutter ensemble »), la passion est d’abord un état subi avec violence par les individus (patior : « souffrir »). Dans un cas, on s’engage dans un conflit, on fait la guerre, dans l’autre la passion nous emporte, elle nous dévore… C’est donc la question de la liberté qui se pose à nous : comment un état subi peut-il pousser des individus à prendre part volontairement à un conflit ? C’est ce que nous verrons en essayant de délimiter la part de passion (I) et la part de raison (II) dans le déclenchement, le déroulement et l’arrêt des conflits, mais aussi en analysant le poids des conflits passés dans la réactivation de passions présentes qui déboucheront sur les conflits de demain (III).
I Les passions humaines comme sources des conflits
Au sortir de la Première Guerre mondiale, Alain constate que « ce sont les passions, et non les intérêts qui mènent le monde »[1]. Et de fait, si les philosophes classiques ont toujours condamné les passions comme des éléments de passivité, les philosophes