Dissertation frère théodule m-c blais saison dans la vie d'emmanuel
Le Frère Théodule - Théo Crapula
dans Une saison dans la vie d'Emmanuel de Marie-Claire Blais, 1965
Dans l’effervescence de la Révolution tranquille, qui donne lieu à de grands bouleversements sociaux et culturels, le roman québécois se transforme de fond en comble au cours des années 1960. Du roman du terroir, qui promeut et idéalise les valeurs traditionnelles de la terre, de la famille, de la langue et de la religion, on passe à une littérature de contestation, qui attaque systématiquement la morale et le mode de vie sur lesquels reposaient la société québécoise jusque dans les années 1950. C'est dans cette optique que Marie-Claire Blais écrit, en 1965, Une saison dans la vie d'Emmanuel, une œuvre qui se veut une version revue et corrigée du roman du terroir.
Dans ce roman, à l'instar de Jacques Ferron, Réjean Ducharme et Roch Carrier, Marie-Claire Blais utilise l'ironie et la parodie pour remettre en question les anciennes valeurs et en montrer les revers. D'une manière bien personnelle, elle caricature des thèmes comme la famille nombreuse et la promiscuité, la faim et la maladie, la déficience de l'instruction et l'omnipotence de l'Église catholique. En effet, « heurter les conventions sociales constitue l'essence même de l'écriture blaisienne, dont l'une des cibles préférées est bien sûr l'Église catholique [1] ».
À ce titre, nous examinerons l'un des personnages du roman, le Frère Théodule, qui illustre de manière évocatrice les contradictions morales présentes dans la doctrine religieuse et par ricochet, dans l'enseignement, qui était une chasse gardée de l'Église catholique. En nous attardant aux détails de l'aspect physique du personnage, à sa psychologie et à son mode de vie ainsi qu'à sa transformation au cours du récit, nous pourrons mieux cerner les mécanismes utilisés par l'auteur pour mettre en relief la symbolique du personnage en ce qui a trait aux interdits religieux, particulièrement à