Dissertation - Histoire du droit pénal japonais - Forme occidentale, esprit japonais
II Forme occidentale, esprit japonais
A « Datsu A nyu O » (quitter l’Asie, rallier l’Occident).
Comme on peut le constater à travers l’exemple du système juridique, la modernisation à marche forcée du Japon s’est accompagnée d’un vaste mouvement d’occidentalisation. La modernisation industrielle, militaire, politique, etc, se fit en effet également grâce à l’aide de conseillers occidentaux et l’envoi de mission d’observations en Occident.
Le sentiment de défiance à l’égard de l’Occident, dans les années 1850 et 1860, était pourtant très majoritaire au sein de la population (Calvet 2008). Dans la lutte entre le shogun et l’empereur pour le pouvoir dans les années 1860, c’est ce dernier qui en vint à incarner la résistance à l’invasion occidentale. Il sortit d’ailleurs vainqueur. Il faut également savoir que durant cette période de violents troubles politiques, la victoire de l’empereur fut notamment portée par une révolte menée par de jeunes samouraïs d’origine plutôt modeste du sud de l’Archipel, qui visait explicitement le rétablissement d’un pouvoir fort et l’expulsion des étrangers.
Ceci n’empêcha pas le Japon de Meiji de s’orienter vers une occidentalisation poussée, condition sinequanone d’une modernisation indispensable en vue de faire son entrée dans le concert des grandes nations. Il adopta en 1889 une constitution, invention occidentale. Elle était inspirée d’une constitution occidentale, celle de l’Allemagne. Le rescrit impérial sur l’éducation de 1890 modernisa en profondeur le système éducatif, le régime féodal fut aboli, une réforme agraire fut mise en œuvre avec succès, le pays prit la voie de l’industrialisation. Pour achever sa mue en grande nation de type occidental, il devint ensuite une puissance impérialiste en Asie et remporta plusieurs conflits sur ses voisins : la première guerre sino-japonaise de 1894-1895, la guerre contre la Russie tsariste en 1904-1905, l’annexion de la péninsule coréenne en 1910