Dissertation (l3) : de quoi est constitué, logiquement, le monde ?
Les héraclitéens considéraient que le monde est en perpétuel mouvement, si bien que nous ne pouvons rien dire de lui, a fortiori, rien dire de vrai. En effet, pour pouvoir dire quelque chose de lui, il faudrait déjà pouvoir dire de quoi il est fait, ce qui implique de pouvoir saisir les choses qui le constitue. C'est, dans cette perspective présocratique, la possibilité d'avoir une connaissance du monde qui s'évapore, autrement dit, la possibilité de fonder une science. Pourtant, cette totalité en perpétuel changement que constitue le monde semble, par delà ces changements, présenter des aspects constants, être régi par des lois, être logique. Si nous pouvions déceler ce qui semble s'agencer logiquement pour former le monde, nous sauverions ainsi la possibilité d'en dire quelque chose de vrai. La possibilité de fonder toute science de trouve par conséquent conditionnée par une question : de quoi est constitué, logiquement, le monde ?
Nous pouvons, du fait de la position ambiguë de l'adverbe entre virgules, interpréter notre question de trois manières : premièrement, si « logiquement » porte sur l'ensemble de la phrase, elle revient à se demander ce qui « en toute logique », constitue le monde. Or il est évident qu'on ne cherche pas à y répondre « illogiquement » ou de manière fantaisiste. Nous rejetons donc cette interprétation. Il est possible, deuxièmement, de faire porter « logiquement » sur le « de quoi », ce qui revient à se demander, parmi les constituants du monde, lesquels sont de nature logique. Enfin, « logiquement » peut porter sur le verbe « constituer ». L'interrogation devient : quels sont les constituants du monde, tels que la constitution dans laquelle ils entrent soit logique ?
Les deux dernières interprétations que nous conservons posent des problèmes communs que nous nous proposons de résoudre : elles reposent en effet sur le présupposé d'une logique qui gouvernerait la constitution du