Dissertation : La laïcité française aujourd’hui

Produit d’une histoire spécifique, la laïcité française traduit un principe que bien des Etats appliquent aujourd’hui, notamment dans l’espace européen : l’autonomie de la sphère politique par rapport aux religions. Ces dernières années ont été particulièrement riches en débats sur l’actualité, le contenu et les implications pratiques du principe de laïcité en France. En témoignent la création d’une Commission officielle spécifique sur le sujet en 2004 (la Commission Stasi) et l’intense travail de réflexion qu’elle a conduit. Comme jadis, l’école s’est trouvée au centre des interrogations. Pourtant, le principe de laïcité est aujourd’hui largement admis, contrairement à la situation qui existait il y a un siècle. En réalité, les discussions montrent que les acteurs ont des conceptions divergentes de ce que signifie la laïcité.

Au niveau juridique, la laïcité n’est pas définie de manière aussi précise que l’on pourrait le croire. La loi de 1905 en fait un principe de séparation entre la religion et l’Etat : l’Etat ne reconnaît pas les cultes et ne les finance pas. Les textes constitutionnels présentent l’enseignement public comme « gratuit et laïque » (Préambule de la Constitution de 1946) et la France comme une « République laïque » (Constitution de 1958). Ces textes prescrivent donc l’exclusion de la religion de la sphère publique de l’Etat (et donc de l’école). Mais ils n’avancent guère de définition très précise. Telle qu’elle est mentionnée par les textes constitutionnels, la laïcité revient certes à rendre le pouvoir politique autonome par rapport à toute instance religieuse. Mais à l’inverse de la loi de 1905, cela n’empêche pas toute relation entre l’Etat et les différents cultes, du moment qu’aucun d’entre eux n’est privilégié.

Cette relative imprécision juridique s’accompagne d’intenses discussions, depuis une vingtaine d’années, sur le sens à donner à la laïcité. Dans le débat public comme