Dissertation suis je le mieux place pour savoi ce que je suis
Cependant, nous paraissons aussi nous illusionner sur nous-mêmes de sorte que par leur regard plus objectif, les autres voient bien mieux dans nos intentions ou dans nos désirs, comme ces amoureux qui n’osent se déclarer leur amour, d’abord à eux-mêmes et que leurs proches ont déjà découvert.
Je puis donc me demander si je suis le mieux placé pour dire qui je suis ou bien si ma proximité avec moi ne me donne aucun privilège particulier pour dire qui je suis. La conscience me permet d’affirmer que je suis le mieux placé pour dire qui je suis. Par contre, l’hypothèse de l’inconscient me déloge de cette place. Le moi enfin, ne demeure-t-il pas essentiellement un inconnu ? S’interroger sur qui on est, implique d’être capable de se représenter soi-même. Or, tel est le propre de la conscience. Et que découvre cette conscience ? Qui suis-je, moi, qui, m’interroge sur moi-même ? Il faut d’abord convenir que je ne suis pas mon corps. Non seulement parce que je peux douter de lui mais non que je suis comme Descartes le soutient dans les Principes de la philosophie (première partie, article 8), mais il change et je demeure le même. « Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en vont je demeure » dit justement le refrain du poème Le Pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire (1880-1918) repris dans Alcools (1913). Sans compter que c’est ce que je fais de mon corps qui me définit. C’est pourquoi le point de vue des autres sur mon corps, qui est plus complet, moi, qui n’en fais jamais le tour, ne leur donne aucun privilège sur moi. Bien au contraire, c’est moi qui sais ce que je fais