Dissertation sur la question du mal
INTRODUCTION
Depuis toujours, les hommes cherchent à expliquer leur malheur. L’explication se situe le plus souvent sur le plan de la causalité efficiente et formelle (d’où vient le mal et ce qu’est que le mal) mais elle ne peut pas aboutir à une considération de sa cause finale : quel est le rôle du mal ? Ainsi, la question du mal, ante la vie des hommes : d’où vient le mal ?, pourquoi le mal ?, qu’est-ce que le mal ?, qui en est le principal responsable : est-ce Dieu, les hommes, la société, la nature, les créatures démoniques ?, quelles sont les solutions pour sortir du mal ? L’homme s’est posé tous ces questions du mal à travers tous ses modes de pensée, mythiques, philosophiques, religieux.
Le mal est quelque chose qui ne devrait pas être mais qui néanmoins existe. Empiriquement ressenti à travers la douleur, de convert dans l’effondrement et la destruction, il fait problème pour la métaphysique. Il déchire l’harmonie, il met fin à toute paix. Il force l’esprit à regarder en face l’ordre déchiré du cosmos, et finalement, à mettre en question l’intelligibilité de l’être lui-même.[1] Le mal est l’horreur, l’indicible, l’impardonnable, le scandale indépassable, l’indésirable, le génocide, l’exploitation, la misère, tout ce qui dans la vie quotidienne altère en chacun l’humanité.
Depuis les hauts accomplissements de la pensée antique, la philosophie enseigne l’unité voire l’identité de l’être et du bien, du réel et du vrai. Or le mal met en question cette unité, arrache le bien à l’effectif. Le monde est autrement qu’il devrait être et cette altérité est le mal.[2]
Le vingtième siècle, époque des guerres d’exterminations, des génocides, de l’apparition de multiples menaces envers la vie même de l’humanité, n’abandonne pas la voie philosophique pour cerner le mystère du mal. De nombreuses réflexions vont être faites. Paul Ricœur (philosophe français : 1913-2005) ne sera pas en reste de ce sillage réflexif. Il