Dissertation sur le roman
Le roman a commencé par désigner au Moyen Age un récit, en prose ou en vers, en langue vulgaire (le « roman »), puis dès le XVIème siècle, il a désigné un récit en prose d’aventures fictives. Autant dire que ce genre est difficile à cerner, tant il se révèle protéiforme : roman d’aventures, d’analyse, d’intrigue, roman noir, roman policier, nouveau roman…Difficile de dire ce qu’est le roman ou ce qu’il n’est pas.
C’est pourtant ce que fait en partie Kundera en déclarant que par nature « le roman est incompatible avec l’univers totalitaire ». Nous nous interrogerons d’abord sur le sens à donner au terme incompatible puis nous examinerons dans quelle mesure l’univers romanesque et l’univers totalitaire s’excluent.
Tout d’abord, pour tenter de cerner la citation de Kundera, il paraît important de comprendre ce que signifie en réalité le totalitarisme.
Une dictature totalitaire se différencie d'une dictature classique par le fait que l'Etat ne cherche pas uniquement à contrôler l'activité des individus, mais également leur pensées en leur imposant une idéologie obligatoire.
L’univers totalitaire est ainsi un univers où ne peut exister qu’une vérité unique, une voie tracée d’avance ; en quoi cela serait-il incompatible avec le roman ? Si incompatible est employé afin de signifier que le roman ne peut coexister avec la représentation d’un univers totalitaire, alors on ne saurait donner raison à l'auteur. De nombreux romans, et non des moindres, nous décrivent en effet un univers totalitaire.
Ainsi, Une journée d'Ivan Denissovitch de Soljenitsyne peut être considéré comme un roman sur le totalitarisme.
En effet, les prisonniers ne sont en vérité plus que des ombres de ce qu'ils étaient. Ils sont presque devenus des machines, ayant perdu toute volonté de lutter contre les injustices du Goulag. Leurs pensées ne leur appartiennent quasiment plus, anéantis par les difficultés de la vie