Dissertation sur les oeuvres de maupassant-agrégation 2012
C’est en 1887 à l’occasion de la parution de son court roman Pierre et Jean, que Guy de Maupassant donne pour la première (et la dernière) fois, non pas une longue poétique du genre, mais plutôt quelques idées qui lui paraissent importantes. Ces considérations sur le roman peuvent, à plus d’un titre, être également appliquées aux contes et nouvelles qu’il a écrits. Ainsi, Maupassant fait-il remarquer : « Le but du romancier n’est point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à comprendre le sens profond et caché des événements. » Le romancier (comme le nouvelliste) apparaît donc comme une sorte de médium pour le lecteur, un guide qui l’encourage à aller au-delà du sens premier de l’histoire qui est rapportée. Louis Forestier, dans un article paru dans le « Magazine Littéraire » (octobre 2011), confirme cette pensée en l’approfondissant : « Le lecteur, écrit-il, est mis en alerte, sommé de vérifier qu’il a bien compris, lui, l’histoire toute simple qu’on vient de lui exposer. » Cette histoire, ajoute le critique, est problématique car « le conte de Maupassant ne vous mène pas toujours où il a l’air de vous conduire. » Contrairement à ce que déclarait Sartre, il n’est pas un « désordre aboli ». « Il laisse place au doute » conclut Louis Forestier. On retrouve ici ce que déclarait l’auteur de Bel-Ami : le romancier, l’écrivain veut nous « forcer à penser ». Ainsi, derrière une apparente simplicité, les Contes et nouvelles de Maupassant cachent une signification plus profonde. Ils doivent faire naître des questions qui n’apparaissent pas comme une évidence à première vue. En d’autres termes, l’histoire d’apparence simple va être révélatrice de ce que l’on pourrait appeler une vérité cachée : chez Maupassant, tout fait sens. Nous verrons dans un premier temps comment l’auteur normand privilégie un cadre