En quoi l'autobiographie est elle une « entreprise » de la sincérité et de la vérité ?

INTRODUCTION : On décrit souvent la démarche autobiographique comme un besoin de se peindre et de retracer les éléments marquants de sa vie. Philippe Lejeune définit ce genre comme « le récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence ». Une telle définition ne laisse pas de place au doute sur la véracité des dires de l'écrivain. Jean-Jacques Rousseau, lui, en parle comme une « entreprise », au cours de laquelle il veut « dévoiler son intérieur ». Mais nombreux sont les écrivains s'interrogeant sur la possibilité de vérité totale. Il faudrait donc se demander dans quelle mesure l'autobiographie est une « entreprise » de la sincérité et de la vérité. Il s'agit dans un premier temps de voir que c'est un texte où la vérité est essentielle, puis que le mensonge n'en est pas exclu, et enfin que les dissimulations et la vérité aboutissent ensembles à une sincérité artistique.

I- Un texte où la vérité est essentielle

A) Un pacte autobiographique poussant à la vérité Selon Philippe Lejeune, lors d'une autobiographie, l'auteur conclu un pacte avec son lecteur : sans que celui-ci soit forcément explicite, il prétend qu'un auteur qui se lance dans une autobiographie donne forcément toute la vérité, n'occultant rien de son être. En échange le lecteur ne doit pas le juger, ni remettre en question la vérité de ses affirmations. Le pacte autobiographique insinue donc qu'un auteur ne peut que être sincère lorsque qu'il se raconte. Cette idée est mise en avant par de nombreux auteurs. Rousseau le premier avait déclaré qu'il dévoilerait l'homme qu'il est « dans toute la vérité de la nature », par la suite, ils sont nombreux à revendiquer une vérité complète, comme par exemple en 1884, Maria Bashkirtseff déclarait dans la préface de son Journal (paru à titre posthume en 1887) « D'abord j'ai écrit très longtemps sans songer à être lue, et ensuite c'est