BLONZ François Dissertation vacances de Pâques. " Il avait été égorgé et, dans sa bouche, cette boursouflure livide était son sexe entier. (...) A l'aube, quand ils étaient remontés au camp, Cormery avait dit que les autres n'étaient pas des hommes. Levesque, qui réfléchissait, avait répondu que, pour eux, c'était ainsi que devaient agir les hommes, qu'on était chez eux et qu'ils usaient de tous les moyens. Cormery avait pris son air buté. "Peut-être. Mais ils ont tort. Un homme ne fait pas ça". Levesque avait dit que pour eux, dans certaines circonstances, un homme doit tout se permettre et tout détruire. Mais Cormery avait crié, comme pris de folie furieuse : "Non, un homme ça s'empêche. Voilà ce qu'est un homme, ou sinon...". Albert CAMUS, Le premier homme, Gallimard, 1994, p. 66 Les atrocités commises par les nazis durant la seconde guerre mondiale, celles commises par certains militaires français durant la guerre d'Algérie, par les Américains au Vietnam ... (les exemples ne manquent pas) soulèvent l'opinion publique et nous questionnent sur l'humanité de ces tortionnaires. Pourtant, il n'est pas rare que dans certaines circonstances un individu se laisse aller à des violences similaires. Les discours lourds de sous-entendus de certains politiciens négationnistes actuels en témoignent, quel serait leur comportement sans les barrières imposées par la loi ? Quelles circonstances particulières pourraient justifier de tels actes de barbarie? " Il avait été égorgé et, dans sa bouche, cette boursouflure livide était son sexe entier." L'homme civilisé, vivant en société, n'est-il pas tenu de "s'empêcher" pour que toute "convivance" soit possible? Pourtant la sécurité, la résistance à l'oppresseur... nécessitent une certaine violence, c'est indiscutable, quel rôle joue alors l'Etat? Jusqu'où peut-il aller? L'actualité est là pour nous rappeler que même l'être humain apparemment le plus honnête qui soit est capable des pires atrocités à l'encontre de ses