Dissertation vouloir le mal
C'est une question embarrassante qu'on nous pose là. Embarrassante parce qu'elle exige la révolte, la négation, la possibilité de sauver l'homme de cette malignité fondamentale qui lui ferait vouloir le mal pour le mal. Le mal comme but de l'action, c'est de l'ordre du non-pensable si l'homme est bien cet être qui n'accomplit son essence que dans l'accès à la moralité. Mais embarrassante parce qu'on aurait bien envie d'étouffer le constat inverse, celui de l'expérience qui nous confronte à une telle multiplicité tragique des figures du mal que l'on est bien prêt de croire qu'elles ne recouvrent toutes que cette volonté matricielle de voir du mal, de s'en délecter sous toutes ses formes!
Or, c'est d'une volonté qu'il s'agit. Et une volonté repose sur une délibération, un choix, la mise en place de moyens pour atteindre une fin... il y a de la construction dans la volonté, de la création, de l'intention. Comment alors pourrait-on imaginer toute cette architecture d'intelligence pour obtenir de la destruction, du chaos, de la souffrance, de la négativité.
Manifestement le mal comme aboutissement de l'action est-il révélateur d'une sorte de non-sens suicidaire, ou bien dissimule-t-il toujours et nécessairement une autre cible dont il n'est que le moyen?
Exemple Introduction 2.
"Vouloir le mal" est une attitude qui semble traverser la culture humaine, autant dans ses mythes comme celui du d‚mon qui rit des souffrances des suppliciés, que dans son histoire o— toujours les passions des hommes se sont vues grossies et attisées par cette domination qu'inspire la souffrance de l'autre. A force de cette nausée devant les multiples expressions et figures du mal, c'est bien la certitude que c'est finalement lui, le mal, qui se joue de nos actions pour s'exprimer et vaincre tous les efforts des hommes.
Pourtant cette formule du "vouloir" laisse perplexe, car la volonté est au contraire un acte d'intelligence, de puissance de la raison ou de