Dissertation sur le malade imaginaire
Les spectateurs se poussent du coude et reconnaissent un voisin, une connaissance, dans le personnage d’Argan. Le caractère de l’hypocondriaque, obsédé par ses maladies, ses bobos, tout le monde le connaît. Il a toujours mal quelque part, il ne va jamais bien, il se plaint toujours de sa santé. Il entretient la conversation de lui et de ses problèmes physiques. Le mettre ainsi sur le devant de la scène amuse parce qu’on reconnaît le tableau. Ainsi, à la scène 2 de l’acte II, quand Cléante salue son hôte par une formules de politesse convenues, en lui trouvant bonne figure, Toinette, au nom de son maître, le coupe immédiatement et l’empêche de continuer. Il n’y a pas moyen de changer de sujet. Dans la première scène, Argan compte ses factures et s’aperçoit que le mois dernier, on lui a prescrit vingt lavements, alors qu’il n’en a eu que douze le mois suivant. Il s’exclame aussitôt qu’il comprend pourquoi il s’est senti faible …afficher plus de contenu…
On ne peut se tromper sur le rôle que tiennent les personnages : le notaire véreux se nomme ironiquement « de Bonnefoy », le médecin qui multiplie les lavements est le docteur « Purgon », issu du verbe « purger », l’apothicaire qui pratique ces lavements est « Fleurant ». Le nom est bien choisi car on imagine les odeurs que dégage le traitement en question. Toinette joue d’ailleurs sur les mots à la scène 2 de l’acte I. Quand Argan lui demande s’il a bien fait sa bile, elle rétorque : « C’est à Monsieur Fleurant à y mettre le nez, puisqu’il en a le profit ». Diafoirus = diarrhée. Comique scatologique = farce.- Le spectacle d’Argan en bonnet de nuit, dans son fauteuil de malade qui compte ses factures ouvre la pièce de façon surprenante. Il hurle