Faut-il se méfier des évidences ?

Ce qui ne peut manquer de nous surprendre dans ce sujet, c’est la juxtaposition de deux termes qui à mon sens sont totalement opposés. Comment ne pas se fier à ce qui va de soi ? Cela semble tout bonnement impossible. En effet, d’un côté être méfiant c’est non seulement ne pas accorder une totale confiance, mais c’est aussi remettre en doute la réalité ou la vérité, et de l’autre, l’évidence est un fait qui s’impose à mon esprit avec une telle force qu’il n’y aurait nul besoin de preuve, c’est un fait qui se trouve devant nos yeux , qui est clair et précis, autrement dit « cela coule de source », alors il n’y a pas lieu de remettre en cause ce fait. C’est pourquoi, à la question de savoir si l’homme doit se méfier des évidences, nous serions tentés de répondre que c’est là hautement impossible, dans la mesure où, se méfier voudrait dire que notre recherche de telle ou telle vérité n’est pas claire. Or il paraît difficile d’admettre que nous puissions ne pas accorder de confiance à l’évidence, car, s’il en était ainsi, notre monde sensible ne serait que sujet à débattre, les hommes douteraient de tout et de tous, car l’évidence est ce qui est commun à tout homme. Pourtant les choses ne sont peut-être pas si simples car aussi imposant que puisse-nous paraître l’évidence, elle n’en demeure pas moins source de discussion, car bien que celle-ci mette en accord les hommes, elle n’est pas pour autant ce qui est vrai, comme nous l’avons vu précédemment, toute évidence n’est pas fondée, car elle désigne ce qui se manifeste avec une telle transparence que nous la voyons littéralement. Il n’y a donc aucune preuve. Or, comment pourrions-nous dès lors limiter notre confiance, et renoncer à la certitude que deux plus deux font quatre ? Nous devons penser à la possibilité d’évidences trompeuses. En effet ne seraient-elles pas vraisemblables ?