Dissertation
Charles Baudelaire, L'Homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer!La mer est ton miroir, tu contemples ton âmeDans le déroulement infini de sa lameEt ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image;Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeurSe distrait quelquefois de sa propre rumeurAu bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrablesQue vous vous combattez sans pitié ni remords,Tellement vous aimez le carnage et la mort,O lutteurs éternels, O frères implacables!
Charles Baudelaire, L'Homme et la mer
Victor Hugo :
Une nuit qu'on entendait la mer sans la voir
Quels sont ces bruits sourds ? Ecoutez vers l'onde Cette voix profonde Qui pleure toujours Et qui toujours gronde, Quoiqu'un son plus clair Parfois l'interrompe... -Le vent de la mer Souffle dans sa trompe.
Comme il pleut ce soir ! N'est-ce pas, mon hôte ? Là-bas, à la côte, Le ciel est bien noir, La mer est bien haute ! On dirait l'hiver ; Parfois on s'y trompe... -Le vent de la mer Souffle dans sa trompe.
Oh ! marins perdus ! Au loin, dans cette ombre Sur la nef qui sombre, Que de bras tendus Vers la terre sombre ! Pas d'ancre de fer Que le flot ne rompe. -Le vent de la mer Souffle dans sa trompe.
Nochers imprudents ! Le vent dans la voile Déchire la toile Comme avec les dents ! Là-haut pas d'étoile ! L'un lutte avec l'air, L'autre est à la pompe. -Le vent de la mer Souffle dans sa trompe.
C'est toi, c'est ton feu Que le nocher rêve, Quand le flot s'élève, Chandelier que Dieu Pose sur la grève, Phare au rouge éclair Que la brume estompe ! -Le vent de la mer Souffle dans sa trompe.
le XVIIe, il y a celui-ci :
À Philis
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,Et la mer est amère, et l'amour est