Dissertation
Britannicus représente un moment dans la vie des personnages, une crise : le moment où Néron bascule, et devient un "monstre naissant".
Une psychologie conventionnelle * Britannicus est un amant inquiet, prêt à douter (II, 5) mais passionné (III, 7), un jeune homme brave (III, 8) mais naïf. * Junie a le même profil : elle est l'héroïne tragique type. Tous deux correspondent à un schéma récurrent chez Racine : l'innocence persécutée. Contrairement à la définition d'Aristote, qui veut que les héros ne soient "ni absolument coupables, ni totalement innocents", Britannicus et Junie incarnent l'innocence même, comme, dans Phèdre, Hippolyte et Aricie ; en cela, ils forment un violent contraste avec les "monstres", Agrippine et Néron. * Burrhus est le "vieux soldat romain", franc, qui n'aime guère les subtilités de la rhétorique, mais doué de bon sens. * Narcisse est l'agent double, le méchant parfait, sans rien qui puisse le sauver.
Des personnages plus complexes * Néron, en fait le personnage principal : * Les rapports avec sa mère : il supporte plus ou moins impatiemment sa soumission (II, 1, II, 2, IV, 2 : il cède à sa mère) ; il n'est pas maître du langage (IV, 2). C'est un personnage qui agit (le seul de la pièce !) ou plutôt qui réagit ("gardes !") ; il a surtout des stratégies de fuite (II, 2) * Les rapports avec Junie : * Un amour fondé sur le regard : coup de foudre (II, 2) et scène de voyeurisme (II, 6) ; * Un amour qui ne peut s'exprimer que dans la violence : emprisonnement, arrestation et mort de Britannicus... Néron est impuissant à se faire aimer, peut-être parce qu'il aime avant tout en Junie sa victime. * Les rapports avec l'entourage : Néron est entre Burrhus (la vertu) et Narcisse (le crime) ; en IV, 4 il respecte encore Burrhus, a mauvaise conscience ("je ne l'écoute point avec un cœur tranquille") ; mais il est totalement manipulé et "retourné" par