Dissertation
Avant d’être conçue comme une activité libératrice ou plaisante, le travail apparait originairement et essentiellement comme une contrainte. Sans doute parce que l’homme ne s’y soumet pas volontiers, mais par nécessité, nous en concluons qu’il se réduit à la difficile production de nos moyens d’existence. Toutefois, s’il en était vraiment ainsi, on comprendrait mal que l’homme puisse travailler alors qu’il se sait affranchi de ses besoins élémentaires. Car nous ne travaillons pas seulement pour vivre mais encore pour bien vivre. Comme en témoigne le gout pour le bricolage, que la nécessité suscite parfois sans le commander toujours. Certes, comme le remarque Lévi-Strauss, le bricolage ne se confond pas avec le travail : il opère plutôt sur ses marges évoquant un vagabondage de l’esprit que n’exige pas de la pensée un projet réfléchi de transformation du réel. A/ Définition :
Selon Alain Rey[1], le mot travail (apparu vers 1130) est un déverbal de travailler, issu (vers 1080) du latin populaire « tripaliare », signifiant« tourmenter, torturer avec le trepalium ».
Sous l'Antiquité, le terme bas latin trepalium (attesté en 582) est une déformation de tripalium, un instrument formé de trois pieux, deux verticaux et un placé en transversale, auquel on attachait les animaux pour les ferrer ou les soigner, ou les esclaves pour les punir. Cependant, si cet instrument est bien désigné par le mot travail, il se dit au pluriel des travails et non des travaux Selon Georges LEFRANC : Les représentations marquent davantage la distinction entre "le Labor" (travail châtiment, peine au travail, conséquence du péché) et "l'Opus" (travail création, activité naturelle). Ainsi, "Au porche nord de la cathédrale de Chartres, six jeunes femmes, le visage voilé, loin du monde,