dissertation
Si Flaubert constituait son dictionnaire des idées reçues aujourd'hui, il créerait peut-être, sur le modèle des entrées « Gamin. Toujours suivi de Paris » ou de « Imagination - Est toujours "vive". Il faut s'en défier », une entrée « Technologies. Toujours nouvelles ».
Curieusement, la nouveauté toujours renaissante des nouvelles technologies dans le discours contemporain n'a pas créé d'intérêt particulier pour ce que, par soustraction, on pourrait appeler les anciennes technologies d'écriture et de lecture. Au point qu'à lire certains articles récents, on finirait par avoir l'impression que la technologie a commencé avec les ordinateurs personnels. Ainsi, dans le numéro de la revue Lire paru en avril 2000, un article intitulé « Comment la technologie modifie l'écriture » renvoie à un « avant » indifférencié les dispositifs d'écriture antérieurs aux ordinateurs et aux logiciels de traitement de texte.
Pourtant, le stylet, le stylo, le papier, la gomme (sans parler de la machine à écrire), la presse d'imprimerie sont des outils, eux aussi, et le rouleau de papyrus, la tablette de cire, le codex, le livre imprimé sont des produits technologiques au même titre qu'un CD-Rom ou un portail sur Internet. À quelques notables exceptions près (R. Chartier, par exemple), l'intérêt pour les « nouvelles technologies » paraît avoir brutalement relégué dans un passé poussiéreux toute forme d'intérêt pour les technologies, les procédures, les dispositifs antérieurs. Il n'est pourtant guère contestable qu'on serait beaucoup mieux à même de comprendre l'incidence de l'informatique, des ordinateurs personnels, des réseaux sur la lecture et l'écriture en replaçant leur « nouveauté » dans le contexte des pratiques « anciennes » avec lesquelles ils coexistent encore.
De plus, il ne s'agit ni des « nouvelles technologies » dans tout l'éventail où elles se déploient, ni même des nouvelles technologies d'écriture et de lecture, mais des technologies