Dans un premier moment du texte, Bergson présente 1) les avantages du « mode de vie instinctif » : il rend en quelque sorte « parfaite » la vie animale, parce que les instincts ont à leur disposition « les instruments appropriés », les organes. Ceux-ci sont parfaitement coordonnés aux instincts (par exemple : les pattes avant de la taupe sont « parfaitement coordonnées » à l’instinct qui la pousse à creuser ; les ailes, l’œil du faucon sont « parfaitement coordonnés » à ses instincts d’oiseau de proie, comme le sont par ailleurs les pattes de la gazelle, qui secondent efficacement les instincts de fuite). Mais ces avantages pour l’animal sont contrariés par uninconvénient : ce mode de vie est en quelque sorte « trop spécialisé », un animal ne peut jamais changer de « façon de faire » ( Bergson remarque que les changements qui surviennent dans le corps sont en même temps des « changements d’espèce » : ce n’est plus le même animal… - cf. la théorie de l’évolution).

Dans un second temps du texte, Bergson 2) propose d’inverser l’analyse, afin de rendre compte du « mode de vie intelligent » de l’homme. Il y a d’abord « des inconvénients » : il fautfabriquer les instruments, les outils, puisqu’ils ne font pas partie de notre corps ; il faut enapprendre l’usage, qui n’est jamais associé à un instinct ; cela comporte des risques d’échec. Bref, ce mode de vie intelligent entraîne avec lui une certaine « imperfection », car il exige des efforts. Pourtant, ce mode de vie a aussi ses avantages : l’intelligence n’est pas captive (comme l’est l’instinct) de tel ou tel organe – l’homme n’est donc pas spécialisé ( l’éthologue Konrad Lorenz a même proposé de définir l’homme comme « spécialiste de la non-spécialisation ») ; les outils peuvent prendre de multiples formes, puisqu’ils sont extérieurs à l’homme ; ils peuvent avoir des usages plus nombreux, plus variés, bref donner davantage de pouvoir à ceux qui les utilisent. ( l’usage d’un marteau, d’une paire de ciseaux, d’une