dissertation
A – Marivaux, L’Île des esclaves, scènes 1 et 2, 1725.
B – Jean Anouilh, Antigone, extrait, 1944.
C – Jean-Paul Sartre, Les Mains sales, 6e tableau, scène 2, 1947.
D – Bernard-Marie Koltès, Le Retour au désert, 1988. m Après
avoir rapidement défini l’enjeu de l’affrontement dans chacune de ces scènes, vous direz laquelle vous paraît la plus intense. Vous justifierez votre choix.
Document A
La scène se passe sur une île ; Iphicrate, citoyen d’Athènes, vient d’y être jeté par la tempête en compagnie de son esclave Arlequin. Ils sont apparemment les seuls survivants du naufrage. Nous sommes dans une antiquité de convention.
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SCÈNE 1
IPHICRATE. – Eh ! ne perdons point de temps, suis-moi, ne négligeons rien pour nous tirer d’ici ; si je ne me sauve, je suis perdu, je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l’Île des
Esclaves.
ARLEQUIN. – Oh, oh ! Qu’est-ce que c’est que cette race-là ?
IPHICRATE. – Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s’établir dans une île, et je crois que c’est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes
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de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu’ils rencontrent, ou de les jeter dans l’esclavage. ARLEQUIN. – Eh ! chaque pays a sa coutume ; ils tuent les maîtres, à la bonne heure, je l’ai entendu dire aussi, mais on dit qu’ils ne font rien aux esclaves comme moi.
IPHICRATE. – Cela est vrai.
ARLEQUIN. – Eh ! encore vit-on.
IPHICRATE. – Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie ; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre ?
ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire. – Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste.
IPHICRATE. – Suis-moi donc.
ARLEQUIN siffle. – Hu, hu, hu.
IPHICRATE. – Comment donc, que veux-tu dire ?
ARLEQUIN, distrait, chante. – Tala ta lara.