Dissertation
Le recours à la fiction permet chez certains auteurs de défendre une cause. Dans quelle mesure l’imaginaire peut-il être instrumentalisé à des fins rhétoriques ? Et, en rapport aux genres dévolus comme l’essai, le discours, ou même le poème – en ce qu’il se fait refrain d’une idéologie - quelle est l’efficacité du texte narratif ? C’est sans doute à cette question que renvoie le corpus proposé. De Jean de la Fontaine à Paul Eluard, nous traversons l’histoire littéraire française pour visiter toutes les formes qu’a pu prendre la défense de la liberté – d’une critique de la cour du roi Louis XIV chez La Fontaine à une liberté plus individuelle chez Paul Eluard, en passant par un réquisitoire contre l’esclavage ou un plaidoyer en faveur de la liberté de la presse chez Montesquieu et Marivaux puis Victor Hugo. Nous constatons que le recours à la fiction (chez La fontaine au travers de la fable) est ici en partie contraint par les effets de censure. Nous verrons tout d’abord comment la fiction a été utilisée à des fins rhétoriques pour déjouer la censure, mais ensuite quelles autres formes s’y substituent afin de poser de façon plus immédiate et précise les tenants de la cause défendue, enfin en quoi le texte de fiction peut servir un débat et compléter ce que l’Histoire ou l’essai peuvent avoir explicité.
L’utilisation de la fiction est polyfonctionnelle. Celle-ci peut avoir pour simple but de capter l’attention des lecteurs et de l’amener plus facilement dans la compréhension des différentes strates de lectures. L’esthétique propre à la fiction ainsi que la créativité de l’œuvre rend un plaidoyer d’autant plus intriguant. Les auteurs peuvent user de la fiction afin de transmettre leurs indignations et dénonciations tout en déjouant la censure. La Princesse de Babylone est un conte philosophique, écrit par Voltaire, qui met en scène deux amants. Ce conte philosophique est une critique acerbe des régimes politiques, dont