Une société plus juste est-elle une société plus heureuse ? lundi 23 janvier 2012, par Vincent Renault
Une société plus juste est-elle une société plus heureuse ?
Il semble bien qu’une société doive être plus juste : on peut parler de la justice comme de la norme éthique de toute vie sociale. Mais une société plus juste est-elle une société plus heureuse ? Pour être plus heureuse, la société doit-elle être plus juste ? En termes kantiens, être juste, pour une société, peut-il constituer, outre un impératif catégorique, un impératif hypothétique, une maxime du bonheur ? Chercher le bonheur, pour une société, est-ce la même chose que chercher la justice ? Est-ce dans le but de rendre les hommes heureux que la société doit chercher à être juste, ou la justice est-elle une fin en soi qui, loin de coïncider nécessairement avec le bonheur de la société, peut même le mettre en danger ? D’un côté, certes, il semble bien que l’injustice constitue l’un des principaux malheurs de la société, et peut-être le principal : elle est cause de division, de haine ; l’injustice peut détruire la société, qui a besoin de consensus, d’accord, d’harmonie. Mais l’exigence de justice peut impliquer la rupture d’un ordre établi, auquel les hommes sont habitués et trouvent des vertus, dont ils ont le sentiment de tirer du bien-être, ou encore la sécurité qui fait entre autres choses le prix de la vie en société. Il s’agira donc de nous demander ce que c’est qu’une société heureuse, et en dans quelle mesure cela requiert la justice. Il s’agira aussi de nous demander dans quelle mesure la volonté d’instituer la justice peut rompre l’équilibre que l’histoire d’une société construit tant bien que mal, en quoi l’idéal de justice peut heurter les attentes des hommes comme être sociaux. Nous pourrons alors peser plus précisément à quelles conditions un surcroît de justice implique un surcroît de bonheur social.
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Qu’est-ce qu’une société heureuse ? Nous partirons de la définition que N. Élias