Dissertations
Problème : l’œuvre d’art nous apprend-elle quelque chose ? Nous renseigne-t-elle sur quelque chose ? et sur quoi ?
A savoir :
L'artiste nous associe à son imaginaire. Nous partageons, communiquons, nous faisons l'expérience de la sympathie. L'oeuvre d'art se présente comme une élaboration des désirs et des satisfactions qui pro¬voque une émotion libératrice. « La véritable jouissance de l'oeuvre d'art provient de ce que notre âme se trouve libérée de certaines ten¬sions », écrit Freud dans Essais de psychanalyse appliquée.
Freud reprend une idée très ancienne d'Aristote : l'art — notamment la tragédie et la musique — provoque une catharsis, c'est-à-dire une sorte de purification de nos émotions. La tragédie suscite de notre part pitié et crainte, nous nous libérons ainsi de nos émotions et notre âme s'apaise. La psychanalyse est une catharsis, en ce sens que la prise de conscience de souvenirs refoulés, traumatisants, s'accompagne d'une intense émotion.
L'oeuvre d'art procure un plaisir désintéressé
Est-ce la même chose de dire : « cela me plaît, cela m'est agréable » ou : « ceci est beau » ? Kant distingue l’agréable et le beau. L'agréable, toujours lié à un intérêt attaché à l'objet, suscite le désir de cet objet. De ce point de vue, « il faut admette le principe : à chacun son goût ». L'un préfère les instruments à cordes, l'autre les instruments à vent, l'un aime le vin blanc, l'autre le vin rouge : le jugement ne vaut ici que pour celui qui l'énonce. Il est affaire de culture, d'éducation. Il s'agit du plaisir lié à la satisfaction d'un désir, qui varie selon les êtres, les cir¬constances, l'époque, l'âge.
En revanche, lorsque j'affirme d'une oeuvre d'art qu'elle est belle, je prononce un jugement de goût qui ne vaut pas seulement pour moi mais pour tous : « Le beau est ce qui plaît universellement sans concept », dit Kant. Le plaisir esthétique que produit la perception d'une oeuvre d'art est un plaisir universel,