Dissuasion nucléaire
Clausewitz disait de la stratégie, qu’elle est un moyen de « faire de la force un instrument de politique plutôt qu'un meurtre inconscient ». La stratégie de la dissuasion nucléaire, quand elle marche, à savoir quand elle prévient une action/attaque par la menace d’une sanction aux conséquences inacceptables pour l’adversaire, fait résonnance à l’idée de Clausewitz.
La dissuasion nucléaire a été utilisée tout au long de la Guerre Froide par les deux grands et a permis de conserver un équilibre mondial relativement stable. Aujourd’hui, alors que le bloc soviétique s’est écroulé, une nouvelle réalité géopolitique assaisonnée de nouvelles menaces, s’est installée qui ne répond plus au schéma passé. Notamment, la prolifération nucléaire se développe, et des Etats « moins sûrs », soupçonnés d’être en relation avec des groupes non-étatiques voire des groupes terroristes, se rapprochent, de l’obtention de l’arme nucléaire qui fait naturellement craindre d’entrer dans un cycle non plus de dissuasion mais peut-être d’utilisation de l’arme atomique. Parallèlement, de nombreuses contraintes (juridiques, politiques, opinion publique) viennent contrebalancer le risque d’une utilisation réelle. La situation sécuritaire actuelle pourrait donc se comparer à une équation à plusieurs inconnues qui rendent le résultat compliqué à évaluer.
Il n’en demeure qu’on peut légitimement se demander si, avec la multiplication d’Etats dotés de l’arme nucléaire, le principe de dissuasion va encore fonctionner ? Comment la stratégie de la dissuasion nucléaire peut-elle fonctionner face au nouveau contexte mondial et aux nouvelles menaces ?
I- La dissuasion nucléaire à l’épreuve de l’Histoire
A- La Guerre froide : un équilibre de la dissuasion
Au début des années 50, la stratégie de dissuasion se met en place au moment où les Etats-Unis perdent leur monopole en matière nucléaire : les soviétiques se dotent de l’arme