Doc scolaire
(D'après un article paru en 1833)
Jean de La Fontaine est né le 8 juillet 1621, à Château-Thierry. Ses fables en ont fait un des poètes les plus originaux de notre littérature ; sa vie était aussi originale que son génie : c'est un des écrivains qui se font le mieux aimer par leurs livres, et dont l'on désire le plus connaître la personne et la conduite. Son enfance n'offrit rien de remarquable. Il arriva jusqu'à l'âge de vingt-deux ans sans que ni sa famille, ni ses amis, ni lui-même, se doutassent de son génie. Sa vocation poétique lui fut révélée la première fois par la lecture de Malherbe, qu'il entendit lire à un officier en garnison à Château-Thierry : il se passionna pour ce poète, qu'il apprenait par cœur la nuit, qu'il allait déclamer le jour dans les bois ; il voulut même l'imiter, mais son bon goût l'arrêta : Il pensa me gâter, dit-il.
Jean de la Fontaine
A cette lecture il joignit celle de Rabelais et de Marot ; puis un de ses parents lui fit connaître quelques auteurs anciens, Térence, Horace, Quintilien, Plutarque et Platon ; ces deux derniers surtout étaient ses auteurs favoris. La littérature italienne était fort en vogue du temps de La Fontaine, il en prit aussi le goût : Elle le divertissait beaucoup, disait-il ; il avait une prédilection particulière pour les comédies de Machiavel, pour l'Arioste et Boccace.
Le temps de La Fontaine se passait à lire tous les auteurs que nous venons de nommer, à faire quelques vers et à rimer, quand son père lui transmit sa charge de maître des eaux et forêts, et le maria. La Fontaine se laissa faire ; il s'occupait fort peu de son emploi et de sa femme, Marie Héricart. La Fontaine mangeait son fond et son revenu, comme il le dit dans son épitaphe ; mais il fut toujours soutenu par l'amitié.
Malgré sa paresse et son insouciance, il savait trouver le courage pour défendre ses amis et ses bienfaiteurs quand ils étaient malheureux. Louis XIV venait de disgracier le surintendant Fouquet,