Document 2
Bien que la police possède la preuve de leur innocence, «les quatre de Guilford» écopent de trente ans de prison. Ils en acquitteront quinze. Les époux Maguire, douze. Leurs fils, quatre et cinq. Giuseppe, lui, mourra - comme un chien, au terme de 1 825 jours - dans sa cellule de 6 mètres de long. Deux membres de l'IRA reconnaissent les attentats. Mais admettre leur culpabilité mènerait à l'affaire d'Etat. «Gerry n'a jamais eu la chance de s'expliquer, déclare Jim Sheridan. Je voulais donc la lui donner.» «Au nom du père» chemine vers l'expiation. Celle d'un paumé qui, par sa légèreté, déclenche des trombes de pierres dans son quartier. Celle d'une victime qui, les yeux bordés de fatigue, signe un arrêt de mort afin de sauver son père. Celle d'un homme seul, veuf d'espoir, mais déterminé, en lutte féroce pour sa dignité.
La romance apportée par Sheridan sur le film: «Au nom du père» prend ses distances avec l'affaire. Et revisite, à sa façon, la descente aux enfers. Par souci de «dramaturgie», Sheridan filme «les quatre de Guilford», les Maguire et Giuseppe au même procès. En vérité, ils furent distinctement jugés. Le réalisateur fait ensuite cohabiter les Conlon en prison. Le système pénitentiaire n'eut pas cette attention. Sheridan offre encore un alibi à Gerry en l'envoyant