document orar
On entend par fabliaux, forme picarde du diminutif de fable - fableau, fablel - des récits versifiés à intention humoristique et moralisante, longs typiquement de quelques centaines de vers. La Picardie et le Hainaut sont les régions les plus actives du point de vue de la composition de ces poèmes, qui trahissent leur origine urbaine. En fait, la morale des fabliaux est celle des bourgeois; elle se moque de la bêtise et du vice sans nécessairement prétendre à les corriger; elle salue la ruse et l’astuce même si elles sont mises au service des instincts bas; elle s’amuse des tournures bizarres que peuvent prendre les événements sans chercher normalement à transmettre un quelconque message; enfin, elle agrée la transgression des normes de la culture officielle. Le fabliau est une récit focalisé sur les événements, et où la peinture des caractères importe peu. On a soutenu avec quelque raison que le successeur littéraire des fabliaux (qui disparaissent vers 1340, avec Jean de Condé) sont les farces, mais il serait exact de voir l’héritage des fabliaux fructifier dans les nouvelles de la Renaissance.
Le plus ancien fabliau conservé, Richeut, date de 1159. C’est l’histoire d’une putain qui fait croire à plusieurs de ses anciens amants qu’ils sont chacun le père de son fils Samson ou Sansonnet. Richeut apprend à son fils comment se conduire envers les femmes, ce qui est une occasion pour le lecteur de s’instruire dans ce domaine; l’essentiel, c’est d’user de beaucoup de douceur en paroles et d’une grande cruauté dans les actes; il faut beaucoup promettre et ne jamais donner, etc. Le nombre des fabliaux qui ont trait à la vie sexuelle est considérable. Jean Bodel en a écrit trois. Dans Gombert et les deus clers, il raconte la mésaventure du vilain Gombert qui, accueillant deux étudiants vagants dans sa maison pour la nuit, eut le malheur de constater qu’ils ont couché avec sa femme et respectivement sa fille. Le Vilain de