La transformation des frontières
Dans notre assiette, au volant d'une voiture ou sur le court de tennis, nous constatons à chaque instant notre appartenance au globe tout entier: marchandises, services, cultures... nous proviennent des quatre coins du monde. Par ce flot d'échanges économiques, les frontières auraient-elles disparu ? D'aucuns pensent qu'un «Grand Village» est né, planétaire, où distances et limites sont devenues caduques. L'économie s'internationalise, se transnationalise. Pourtant, d'autres frontières, plus subtiles, demeurent ou surgissent.

Le problème de la frontière - c'est-à-dire de la délimitation des territoires - retient partout beaucoup d'attention. Le Centre de recherches en économie de l'espace de l'Université de Fribourg (CRESUF) a l'avantage de disposer aujourd'hui d'un quart de siècle de réflexion continue sur les frontières1. Cette longue série d'observations et d'approfondissements scientifiques constitue un dossier privilégié pour analyser la transformation importante qu'a enregistrée le phénomène frontalier et dont trois aspects principaux rendent compte: les unions régionales, l'expansion transnationale et les frontières nouvelles.

Les unions régionales

Depuis quelque trois décennies, l'essor des unions régionales a érodé les frontières nationales et débouché sur la mise en place d'espaces plus vastes, de taille continentale ou semi-continentale. Dans une première phase, pendant les années 1950 et 1960 surtout, la formule des marchés communs - simultanément libéraux dans la suppression des obstacles intra-zonaux et interventionnistes à travers des politiques communes - a rencontré le plus de faveur. Il en a été ainsi, par exemple, en Europe, avec la CECA, la CEE et EURATOM, qui tentent de s'approfondir, depuis le 1er novembre 1993, dans l'Union européenne issue du Traité de Maastricht.

Une deuxième génération d'unions régionales recourt actuellement à la forme plus souple, mais plus fragile, de la zone de