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Cette lecture provoque une protestation immédiate de Boileau. La polémique enfle autour de deux modèles esthétiques opposés : le principe de l’imitation orienté vers l’Antiquité comme idéal de beauté absolue et d’autre part, le principe du génie de l’imagination qui puise son inspiration en lui-même.
Quelques années plus tard, il n’y a toujours pas de victoire nette de l’une des deux parties et la querelle s’est en quelque sorte épuisée.
La « querelle » des Anciens et des Modernes fut donc pour ceux qui la vécurent un débat très intense, virulent – et pas seulement une dispute entre érudits. Elle ne cesse, dans le dernier quart du XVIIe siècle, de prendre de l'ampleur. Boileau vole au secours de Phèdre (1676) – quitte à y reconnaître un « sublime » nettement différent de celui qu'il avait théorisé à la suite du Pseudo-Longin ; son élection à l'Académie française, en 1684, marque la faveur du roi et le déclin apparent du parti adverse. Mais, en 1687, Perrault donne son Siècle de Louis le Grand, où il dit préférer « le siècle de Louis au beau siècle d'Auguste ». Puis il commence les Parallèles des Anciens et des Modernes, qui compteront quatre volumes, dont le dernier paraît en 1697 ; quatre volumes encore des Hommes illustres qui ont paru en France durant ce siècle se succéderont de 1696 à 1700. Les deux ennemis n'accepteront de se réconcilier qu'en 1694, après une intervention du Grand Arnauld, à la veille de sa mort ! Avec la Digression sur les Anciens et les Modernes de Fontenelle (1687), l'argument est moins politique ou esthétique que philosophique, et il annonce les Lumières : il est raisonnable de concevoir une accumulation progressive des savoirs. Cette idée enlève tout prestige à