Documents divers
La redéfinition des âges de la vie
Deux interrogations liées sont à l’origine de ces réflexions. La première porte sur les condi¬tions de l’éducation aujourd’hui; la seconde relève de la «psychologie contemporaine.
À quoi tiennent les difficultés inédites et, à de certains égards, croissantes, que rencontre l’entreprise éducative dans la société actuelle? Difficultés surprenantes, somme toute, si l’on songe que l’importance de la formation n’a jamais été aussi reconnue et que la demande globale d’éducation n’a jamais été aussi forte. Une fois qu’on a fait le tour des différents facteurs expli¬catifs qui ont pu être invoqués, et qui touchent au fonctionnement de l’institution éducative, on ne tarde pas à s’apercevoir de leurs limites, si judicieuses qu’elles soient. L’idée s’impose qu’il faut remonter une strate plus haut, en amont de l’institution. Ce qui a changé, ce sont les êtres auxquels s’adresse l’école. Elle est confrontée à des enfants, à des adolescents, à des jeunes, pour la prendre dans sa notion la plus large, dont le statut social s’est profondément transforme.
Cette transformation est elle-même prise dans une redéfinition plus vaste des âges de la vie dont la reconsidération de la période initiale de l’exis¬tence ne constitue qu’un élément. C’est cette recomposition de l’enfance et de la jeunesse qui secoue le système éducatif. Elle fait naître des attentes et des exigences auxquelles il n’était pas préparé. Elle modifie le sens de l’enseignement dans le regard de ceux qui en bénéficient. Elle change leur identité en même temps que leurs perspectives existentielles.
Ce premier questionnement vient ainsi à en croiser un second, plus spécifiquement centre sur les changements psychologiques de l’indi¬vidu contemporain. J’ai proposé par ailleurs une hypothèse sur les transformations de la person¬nalité dans les conditions de ce qu’il est convenu d’appeler la «post-modernité» et qui mérite plu¬tôt la dénomination d’«