Doit on dire la vérité
Dans notre société, il y a des règles morales élémentaires : aider son prochain, ne pas se moquer d'un plus faible que soi, ne pas voler, dire la vérité. Arrêtons-nous sur l'interdiction du mensonge et demandons-nous jusqu'où l'appliquer. A-t-on le droit de faire des exceptions à la règle ? Car nous sentons bien qu'il y a des situations où il est préférable de ne pas dire la vérité. Car si une vérité est dite c'est pour être entendue et il est possible que mes paroles aient des conséquences graves, blessantes ou plus dangereuses encore auxquelles je dois penser avant de parler. On en vient naturellement à douter du caractère absolu de l'interdiction du mensonge : « doit-on toujours dire la vérité ? » Peut-on parfois mentir ou taire une vérité, tout en restant moralement irréprochable ? Si oui, dans quelles circonstances ? Si non, qu'est-ce qui nous en empêche ? Ce sujet nous invite donc à réfléchir sur la légitimité du mensonge, et de manière plus générale, à réfléchir sur les exigences de la morale.
***
La question de dire ou non la vérité se pose quand deux personnes sont face à face, et quand l'une sait quelque chose que l'autre ignore, une chose qui pourtant concerne cette personne directement. Que celui qui ne sait rien pose ou non des questions, l'autre se trouve devant deux possibilités : dire ce qu'il sait, et donc être scrupuleusement honnête ; ou dissimuler la vérité (mentir ou se taire), et donc, en un sens, être malhonnête. Et la question de dire ou non la vérité se pose vraiment lorsque celui qui va parler connaît une vérité dangereuse ou désagréable, une vérité qui va mettre quelqu'un dans la difficulté. Si je dis qu'il fait beau ce matin, je dis bien une vérité, mais cela ne concerne personne en particulier, cela ne met personne dans la difficulté, et la question de savoir si je vais dire ou non la vérité ne se pose pas. Par contre, si j'ai à dire à