En 1665, quand Molière acteur dramatique français le reprend, le personnage de Dom Juan est déjà bien connu des spectateurs parisiens. En effet, à l’origine de ce personnage qui deviendra par la suite un mythe, on trouve la pièce El burlador de Sevilla y convivado de piedra, composée vers 1625, par le moine espagnol Tirso de Molina et reprise ensuite par de nombreux auteurs tels que Dorimon en 1659 ou encore Villiers en 1660. Chez Molière, les innovations apportées à la pièce sont nombreuses. Il rajeunit et rationnalise le thème tout en conservant sa dimension comique se distinguant ainsi des tragi-comédies de Dorimon et Villiers. Comme dans toutes ses œuvres, Molière évoque ses préoccupations morales, religieuses et sociales. Le libertinage de Dom Juan est une question posée par la pièce de Molière, notamment dans l’acte I, scène 2 à travers le personnage de Sganarelle qui traite deux fois son maître de « libertin », chaque fois pour désigner son incrédulité (le valet identifie libertinage et athéisme). Pour ce qui regarde le libertinage de mœurs de Dom Juan, il en est surtout question dans la première moitié de la pièce, au moment où Dom Juan entre en scène et vient confronter les spectateurs à son autoportrait (principalement acte I, scène 2). L’éloge de l’inconstance qui résume la position du séducteur devant l’amour le rattache tout autant à une tradition française qu’à son modèle sévillan. Chez Molière, le séducteur s’occupe d’entretenir sa légende. Plus que ses actions, c’est en effet sa virtuosité verbale qui est mise en scène dans ce premier acte, entre autres tout le long de la tirade du séducteur sur l’inconstance dans la scène 2. On se posera alors la question de savoir en quoi cet éloge de l’inconstance dresse un portrait de Dom Juan. L’étude méthodique de cette scène permettra dans un premier temps de dégager la conception que Dom Juan a de l’amour. Enfin, la lecture analytique de l’extrait nous permettra d’analyser le portait que Dom Juan fait de