Dom Juan de Molière
Molière (1622-1673), de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, est le plus célèbre auteur de comédies du XVIIe siècle. Protégé de Louis XIV, il réalise une carrière exceptionnelle en tant que responsable de spectacles à Versailles et auteur de pièces à succès comme Les Fourberies de Scapin ou L’Avare. Pourtant, certaines d’entre elles sont sévèrement critiquées voire censurées.
C’est le cas de Dom Juan mettant en scène un héros libertin qui, non content de défier la morale sociale, s’en prend aussi à certaines valeurs religieuses. C’est ce qu’on peut voir dans le spectacle offert par les dernières scènes de la pièce au cours desquelles Dom Juan doit répondre à l’invitation de la statue d’un Commandeur qu’il a naguère tué en duel.
Comment la fin de Dom Juan contribue-t-elle à l’élaboration de son mythe ?
1. C’est un dénouement extrêmement spectaculaire
A) Les événements se précipitent : « N’a plus qu’un moment » (2), « ici » (2) signifiant maintenant, « vite » (13). Le mouvement se sortie de Dom Juan est interrompu par l’irruption de la statue « Arrêtez » (17). Ce dénouement coïncide avec une fin, la mort de Dom Juan qui est présentée de façon insistante: « sa perte » (2), « une mort » (21), « sa mort » (27).
B) Le spectacle est saisissant avec la présence de personnages surnaturels : successivement, le spectre, l’allégorie du Temps et la statue qui parle. Les cris des personnages amplifient cette référence au surnaturel : répétition de l’interjection « O Ciel » (9, 23). Le spectateur assiste également à des métamorphoses surnaturelles (cf. didascalies l.8 et 12) qui sont soulignées par la réplique de Sganarelle (9). Le théâtre à machine du XVIIe siècle propose des effets sonores et visuels (didascalie lignes 25-26) qui amplifient le spectacle surnaturel pour impressionner les spectateurs. C’est Dom Juan qui est au centre des événements ainsi mis en scène car il en est la victime : « donnez-moi la main » (19), « un feu