Dom juan et la religion
La grande originalité du Dom Juan de Molière par rapport au mythe, c'est l'aspect religieux : Dom Juan, non content de contester par son existence même les valeurs morales aristocratiques, le sacrement du mariage et le respect dû au père, s'attaque au fondement même de la société. C'est un libertin, non seulement au sens moral que le mot prendra au 18ème siècle , mais au sens fort que prend le mot au 17ème siècle : athée, ou sacrilège.
Les défenseurs de la religion :
Sganarelle.
Si la pièce de Molière avait uniquement pour but de dénoncer la démesure d'un athée, Dom Juan trouverait en face de lui des défenseurs conséquents de la religion. Or le défenseur le plus présent est... Sganarelle !
Sganarelle représente le double et le contraire de Dom Juan ; défenseur de la religion, il est aussi poltron, menteur, et surtout crédule. Dans la scène où il discute sérieusement (?) avec Dom Juan, il est en habit de médecin, ce qui chez Molière discrédite totalement le discours. Par ailleurs, il met Dieu et le "moine bourru" sur le même plan :
"Il n'y a rien de plus vrai que le Moine Bourru, et je me ferais pendre pour celui-là".
Sa morale relève du bon sens, sans grandeur. Il condamne l'immoralité de Dom Juan... mais rudoie le Pauvre avec lui dès la scène suivante (III, 2) : "va, va, jure un peu, il n'y a pas de mal". Et il se comporte de même à l'égard de Monsieur Dimanche.
Enfin, à la fin de la pièce, sa moralité est étouffée par son intérêt immédiat : son dernier cri (qui est aussi le dernier mot de la pièce) est "mes gages !"
Sganarelle représente une religion populaire, pleine de superstition. Des raisonnements mal assimilées, confus, cette religion ne repose sur rien de sérieux, et elle ne donne même pas à Sganarelle une quelconque conscience morale :il est donc un très mauvais défenseur de la religion.
Donne Elvire et Dom Louis. Le père de Dom Juan a une haute image de ce qu'il doit à son rang, et à la morale.