Dom juan ou le festin de pierre
3916 mots
16 pages
En 1664, Molière produit Tartuffe qui subit rapidement les attaques de la Compagnie du Saint Sacrement. La pièce est alors interdite de représentation publique dès le mois de mai1. Il s’agit pour Molière de faire vivre sa troupe. La pièce Le Misanthrope est encore en chantier2. Molière décide donc de créer rapidement une pièce en prose sur un sujet à la mode : entre 1658 et 1661, on trouve pas moins de trois pièces traitant d’un personnage libertin, séducteur et impie précipité dans la mort par une statue de pierre - une farce italienne montée à Paris en 16583 - la tragi-comédie Le Festin de Pierre ou le fils criminel de Dorimon (Lyon, 1658-Paris, 1661) et Le Festin de Pierrenote 3 de Villiers (Paris, 1659) inspirées toutes deux de la pièce de l’italien Giliberto aujourd’hui disparue4. Ce thème trouve son origine en Espagne dans une pièce de Tirso de Molina, El Burlador de Sevilla. La pièce passée en Italie a inspiré Cicognini (en), Giliberto et la comedia dell arte sous le titre de El Convitato di Pietra. Elle devient célèbre en France à partir de la représentation des Italiens de 16585. Il semble cependant que Molière n’ait eu connaissance que des versions italiennes et françaises6.
Cette pièce s’inscrit dans un projet de Molière de « dénoncer les vices du siècle »7, en particulier l’hypocrisie. Elle est une réflexion sur le libertinage et ses excès. Molière est adepte de la libre-pensée, mais respecte les convictions religieusesnote 4. Il s'attaque principalement à toute forme d'hypocrisie que ce soit celle du dévot ou celle du libertin. En présentant un libertin foudroyé par la vengeance divine, il espère convaincre les spectateurs et les autorités de la moralité de ses intentions8.
Certains ont cru voir dans le personnage de Dom Juan un contemporain de Molière, on cite ainsi Vardes, Lionne, Retz, Henri de Guise, le comte de Guiche ou le comte de Lauzun (amants présumés d’Armande Béjart9) et Armand de Conti mais aucune analyse ne recueille l’unanimité10.