Le poème s’ouvre sur un tableau idyllique et vivant. La nature est magnifiée et personnifiée : « la rivière chante », « accroche follement », « la montagne est fière de dominer le paysage ». Tout respire une certaine joie de vivre. Ce « trou de verdure » semble constituer un espace agréable pour le « dormeur » que l’on pourrait assimiler à une chambre, à un espace rassurant comme le suggère l'adjectif « petit ». De même, le poète utilise des petites touches de couleurs : « argent », « bleu », « vert » ou les suggère avec « soleil ». Il accorde une grande importance à la lumière : « Luit », « mousse de rayons ». Cette synesthésie de couleurs suggère plus la nature qu’elle ne la décrit et le décor paraît presque immatériel. Tous nos sens sont sollicités : la vue avec les couleurs, le toucher avec les adjectifs frais et froid, l’ouïe avec tranquille et l’odorat avec le substantif parfum. Pourtant, cette impression est tempérée du fait qu’il s’agit de couleurs froides et, le champ lexical de la maladie, « pâle », « lit », puis « malade » ou encore l’adjectif « froid » renforce ce malaise. Rimbaud emploie également un langage à double sens où le sommeil évoque la mort : "la nue" vient du latin nubes qui signifie "voile de tristesse" et les "glaïeuls", fleurs remarquables par la beauté de ses teintes, sont ici piétinés. Le jeu des couleurs dans le vers "Pâle dans son lit vert où la lumière pleut." est également porteur d'un message sinistre. Le poète aime la musique, comme en témoignent les nombreuses allitérations et assonances. Le vers huit est particulièrement significatif Les labiales du début et de la fin encadrent ce tableau où « vert » placé à l’hémistiche et « lumière » se répondent par assonance ouverte, où les liquides soulignent encore la qualité particulière de l’éclairage. « Les parfums ne font pas frissonner sa narine. » Les assonances en « ou » forment un hiatus encore plus brutal que dans « bouche ouverte », brutalité renforcée