Dom juan
Page 1 of 9
RETOUR : Ressources communes
Le Dom Juan de Molière : un personnage entre deux mondes. Étude de littérature. Mise en ligne le 7 juillet 2003, revue et corrigée le 4 septembre 2003. © : Pierre Campion. Cette étude se réfère aux analyses développées antérieurement dans Pierre Campion, La Littérature à la recherche de la vérité, Seuil, coll. Poétique, 1996, chap. « Le caractère symbolique de la scène théâtrale dans le Dom Juan de Molière », pp. 301-321. En annexes, deux études de texte : le discours de Dom Juan à Sganarelle, acte I, sc. II (9 juillet 2003) et la scène d'affrontement entre les frères d'Elvire et Dom Juan, acte III, sc. IV (6 septembre 2003). Lire aussi une note sur mesure et démesure dans Pascal.
MESURE ET DÉMESURE Le Dom Juan de Molière : un personnage entre deux mondes
Les courses de Dom Juan
Dom Juan est à l'étroit dans son monde. Celui-ci n'est pas à la mesure de ses désirs, de son énergie, de ses pensées. C'est ce que montrait à sa manière la belle dramatique adaptée de Molière par Bluwal pour la télévision[1]. D'où ces courses, pour échapper à ce monde, et qui tournent à vide : « Je cours, donc je suis. » Puis bientôt : « Tant que je cours, je suis. » Et enfin : « Je ne sais plus où aller, je meurs[2]. » Il a toujours quelqu'un à ses trousses, qui le rattrape toujours. Ou bien il poursuit quelqu'un ou quelque chose, qu'il n'atteint pas ou qu'il perd aussitôt : mais chaque course tend à produire une scène arrêtée de son monde, une manière nouvelle de le mesurer et de s'en échapper, une facette brillante de son impatience et de son inquiétude, une espèce de tableau vivant organisé autour d'un geste ou d'un mot du héros et susceptible d'une légende : « Dom Juan et Elvire », « La Profession de foi », « Dom Juan tire l'épée », « la Mort de Dom Juan », etc. D'où vient l'énergie ainsi déployée à la recherche d'autres mondes ? Est-ce exactement ou simplement une question de désir sexuel ? Oui, selon ce