Don juan acte 3 scene 2
Depuis le début du second acte, Dom Juan et Sganarelle déguisés, entrent dans la forêt et échangent leur vue sur la religion et la médecine. Malgré tous les efforts déployés par le valet pour défendre l'une et l'autre, son maître demeure résolument incrédule dans les deux matières. Sa rencontre avec un ermite lui indiquant comment retrouver son chemin dans le labyrinthe de la forêt va permettre aux lecteurs de vérifier l’incrédulité obstinée du héros. Non content d’être libertin, Dom Juan tente de faire blasphémer le saint homme en échange d'un louis d'or. Provocation libertine, volonté baroque d'inverser la pratique de l'aumône, sa démarche entend également démontrer qu'une scandaleuse économie sous-tend la charité chrétienne. Cette courte scène sans intérêt véritable pour le déroulement dramatique de la pièce, n'en est pas moins un moment capital de la pièce : elle est l'illustration pratique de l’impiété et de l’incrédulité de Dom Juan telles qu'on aurait pu les deviner. Comment s'explique sa force scandaleuse au regard des mœurs de l’époque ? Nous nous intéresserons dans un premier temps à la force symbolique de cette scène puis au renversement des valeurs enfin à la charge satirique de la scène.
Cette mésaventure symbolique s'inscrit dans la vraisemblance et le réalisme. Tout d'abord le cadre spatio-temporel. Il s'agit d'un événement fortuit à la faveur de leur égarement, les protagonistes rencontrent un ermite vivant dans la forêt. La vraisemblance de la situation est entière ainsi que le dialogue. Il est conforme aux conventions du XVIIe siècle, c'est Sganarelle qui interroge, pour le compte de son maître, le pauvre pour le chemin à suivre. L'emploi du tutoiement et du vouvoiement est également conforme aux habitudes sociales des personnages et de leur classe respective. On peut citer « Je te suis bien obligé » (ligne 8) et ligne 10 : « Si vous voulez Monsieur ». L'action aussi est vraisemblable puisque l'aumône