Don Juan
Don Juan ou le Festin de pierre fut représenté pour la première fois en 1665. L’année précédente Tartuffe avait été interdit dès la première représentation, cette censure porta un rude coup à Molière et marqua une césure dans son œuvre théâtrale où le rire désormais tournera à vide. Tartuffe sera finalement représenté en 1665 dans sa troisième version que le Roi acceptera malgré la pression des dévots. Après cet échec, Molière a besoin d’une pièce capable de ramener le public dans son théâtre, c’est sans doute pour cela qu’il choisit d’adapter un thème à la mode : Don Juan. Cette pièce eut un vif succès mais s’arrêta au bout de quinze représentations seulement. Il semblerait qu’on demanda officieusement à son auteur de la retirer à cause de son impiété. Tartuffe, Don Juan et le Misanthrope (1666) font partie de ce qu’on pourrait appeler la trilogie de l’imposture et de l’hypocrisie. Molière contourne l’interdiction portant sur Tartuffe en traitant le même thème de diverses manières :
Tartuffe : hypocrisie des faux dévots ;
Don Juan : hypocrisie et cynisme ;
Le Misanthrope : authenticité en butte à l’hypocrisie du monde.
On peut se demander comment il va réussir à concilier la nécessité de faire une comédie capable d’attirer les spectateurs avec cette critique de l’hypocrisie et de la société en général.
1. Le mythe de Don Juan s’inscrit dans une tradition théâtrale ancienne
1.1) Tirso de Molina, El Burlador de Sevilla y combidado de pierra (1630)
C’est l’un des premiers textes connu mettant en scène l’histoire de Don Juan, il est aujourd’hui considéré comme son texte fondateur. Mais au XVIIème siècle, on considérait que Don Juan était un thème d’origine italienne développé par exemple par Andrea Giacinto dans Il Comitato di pietra.
La pièce de Tirso de Molina brosse les grands traits du mythe : un noble enfreint toutes les règles pour satisfaire sa passion pour les femmes qu’il n’a de cesse de séduire pour les abandonner aussitôt.