La comédie classique française du 17e siècle se démarque par une volonté de divertir et d’instruire son auditoire en se moquant de personnages qui possèdent des défauts humains risibles. Molière s’amuse, dans ses œuvres, à les représenter dans des intrigues loufoques ; d’ailleurs, il semble effectuer, dans sa pièce Dom Juan, dans la deuxième scène du second acte, parue en 1665, une caricature du jeu de séduction du protagoniste exercé sur une paysanne. Dans le texte qui suit, il sera question du portrait du protagoniste représenté comme le stéréotype du séducteur malhonnête et profiteur et de la représentation exagérée de la jeune femme séduite par ce dernier.
Introduction : 107 mots
Le portrait de Don Juan présente les clichés de la figure du séducteur : fourbe et sans scrupules pour profiter des gens. La présentation de sa malhonnêteté transparait dans les répliques qu’il adresse à Charlotte. Alors que ce dernier tente de plaire à toutes les dames et vient tout juste d’abuser la femme avec de fausses paroles, voici ce qu’il lui répond quand elle mentionne son désir de conserver son honneur et de ne pas être trompée :
DON JUAN – Moi, j’aurais l’âme assez méchante pour abuser une personne comme vous? Je serais assez lâche pour vous déshonorer? Non, non, j’ai trop de conscience pour cela.
Le comique de cette situation repose non seulement sur l’insertion des phrases interrogatives qui supposent tout le contraire, mais aussi sur la répétition « non, non » qui, elle, insiste sur le déni du protagoniste quant à ses intentions malhonnêtes à l’égard de Charlotte. De plus, le caractère profiteur de Don Juan est illustré par son utilisation d’arguments religieux, alors qu’il est athée, pour séduire la jeune paysanne. Cette contradiction suscite le rire. La réplique de Don Juan à l’annonce du prochain mariage entre Charlotte et Pierrot prouve clairement cette idée :
DON JUAN – […] Vous méritez sans doute une meilleure fortune, et le Ciel, qui le connaît bien, m’a