Done elvire dans le dom juan de molière
Introduction
La première représentation de Dom Juan se déroule le 15 février 1665 au théâtre du Palais Royal.
Molière a fait appel à deux peintres, Simon et Prat, pour le décor, ce qui est une première, et témoigne, tout comme son travail d’adaptation de la légende, qu’il ne s’agissait nullement de bâcler cette pièce. De plus, « un directeur de troupe pressé par l’urgence n’aurait vraisemblablement pas pris le temps, non seulement de créer un personnage original, comme celui de Done Elvire, mais de remodeler entièrement la figure de Dom Juan que lui fournissaient ses prédécesseurs ». Le 17 février, jour de Mardi gras, se tient la seconde représentation. La pièce connaît un grand succès, comme en témoigne le Registre de Lagrange . Molière, en tant que directeur de la troupe, aurait donc dû, en toute logique, la maintenir au programme du théâtre après sa fermeture pour les fêtes de Pâques. Mais à la réouverture du théâtre, il en est tout autrement : Dom Juan n’est plus à l’affiche, et Molière reprend d’anciennes pièces telles Le Cocu imaginaire, et L’Ecole des Femmes, qui remportent un piètre succès. Tout porte donc à croire, comme le souligne G.Couton , qu’on a donné l’ordre officieux à Molière de s’autocensurer.
Toute création littéraire est à replacer dans un contexte, social, politique, religieux, littéraire. Et cela est d’autant plus vrai, et inévitable pour la compréhension du Dom Juan de Molière. Après une première représentation de son Tartuffe ou l’hypocrite, le 12 mai 1664, sa pièce fait aussitôt l’objet de réactions violentes, et se voit interdire. Molière n’obtiendra gain de cause qu’en 1669. Il adapte donc le mythe donjuanesque alors qu’il est en pleine bataille pour lever la censure que connaît son Tartuffe. A l’automne 1664, quels pouvaient donc être son état d’esprit, et ses intentions ? Les attaques violentes, et surtout la censure auxquelles il était confronté, ont forcément influé sur