Dorian gray
4e
Oscar Wilde, « Le Portrait de Dorian Gray »
« Classiques abrégés », l’école des loisirs, 2009
Les nouvelles Instructions officielles pour la classe de quatrième préconisent explicitement la lecture et l’étude de « récits du XIXe siècle », et le programme d’histoire des arts invite à centrer la réflexion sur le thème des « ruptures et continuités » en art : Le Portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde, offre donc matière idéale à la prise en compte de ces recommandations. Si le roman s’inscrit de façon assez naturelle dans le prolongement de la veine fantastique inaugurée par les romantiques et exploitée de façon récurrente dans le cours du XIXe siècle, il participe d’un essor généralisé des littératures de l’imaginaire qui va nourrir toute la culture populaire du XXe siècle – le cinéma en particulier. Il manifeste aussi la nouvelle esthétique décadente qui a fait son apparition en France quelque vingt ans auparavant et dont Oscar Wilde, toujours à la pointe du modernisme, a nourri son œuvre. Les critiques anglais, qui réservèrent à l’ouvrage un accueil plus que mitigé, ne s’y trompèrent pas : « L’auteur fait étalage de ses recherches dérisoires dans les détritus abandonnés par les décadents français... », écrit l’un ; pour un autre, le roman de Wilde n’est qu’« un récit enfanté par la littérature lépreuse des décadents français » (articles cités par Daniel Salvatore Schiffer dans sa biographie d’Oscar Wilde, cf. bibliographie). Si donc, par sa thématique, Le Portrait de Dorian Gray s’inscrit dans une certaine continuité (ce que montrera notre première séance), il impose à l’Angleterre, par le traitement original de l’intrigue
L’ É c o l e d e s l e tt r e s 2 0 0 9 - 2 010 , n ° 4 - 5
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Ben Barnes dans le « Dorian Gray » d’Oliver Parker, sorti en Grande-Bretagne en septembre 2009
et la mise en scène de personnages hors normes, une esthétique nouvelle qui contrarie fortement la morale victorienne. Nous procéderons