Doute
Introduction :
Nous commençons à connaitre le monde par l’intermédiaire de notre sensibilité. Les réalités sont d’abord celles de notre existence quotidienne dont nous nous contentons habituellement pour vivre. Nous avons emmagasiné depuis notre enfance une grande quantité d’opinions que nous avons crues vraies et qui se sont révélées incertaines ou fausses. Les opinons sont des jugements que l’on porte sur des choses ou sur des personnes. Elles sont imprégnées de nos craintes et de nos désirs qui déforment la réalité. Je juge les êtres tels qu’ils m’apparaissent. L’apparence ne réside pas dans ce qui est mais dans ce que je pense de ce qu’y est. Un bâton dans l’eau me parait brisé. Le soleil à deux cents pas me parait immobile. Le lieu de l’apparence c’est l’énonciation, le jugement. Le problème de l’apparence ne fait qu’un avec celui de la vérité. Le philosophe comme l’H de science est aux prises à des réelles difficultés. Si le faux n’avait pas toute l’apparence du vrai, nous laisserions-nous si facilement attraper ? Tomberions-nous si souvent dans les erreurs ? L’ironie veut que rien ne soit plus proche et plus éloigné du vrai que la vraisemblance. Le sophiste, cet export de discours, fait de l’effet, fait d’illusion. Quand il parle, l’apparence confisque la vérité dans un filet que sa transparence rend invisible. Il pourra parler de la justice tout en l’ignorant. Ses propos semblent vrais, bien qu’il ne sache rien de la vérité comme un peintre représente sur sa toile une chaussure qui a tout d’une chaussure alors qu’il serait incapable d’en fabriquer une. L’esprit n’est jamais jeune, il est vieux de tous ces préjugés, on croit savoir alors que l’on ne sait pas. La vérité dont se réclament le philosophe et l’homme de science n’a aucun rapport avec la vie quotidienne. Ne renoncent t-ils pas à une certaine façon de vivre et de penser ? N’y a-t-il pas une rupture entre la connaissance sensible et la connaissance rationnelle ? Ne connait-on